Sébastien a récemment rendu les reines de MeilleursAgents après avoir conduit son rachat par AxelSpringer pour 200 millions d'euros, 12 ans après sa création en 2007.
Il revient sur de nombreux moments clés de cette aventure entrepreneuriale.
Sébastien s'est lancé dans le monde impitoyable de l'immobilier après une longue carrière de banquier et de venture capitalist, alors que les professionnels ne cessaient de lui répéter qu'il n'y connaissait rien. En clin d'œil, il en a fait le titre du livre qu'il a récemment publié “On voit bien que vous n’y connaissez rien!”, dans lequel il revient sur cette belle aventure.
De son métier de banquier à celui d'entrepreneur, de la première répartition du capital entre les fondateurs aux attributions de stock-options aux salariés, Sébastien nous partage dans cet épisode beaucoup d'apprentissages de terrain, de sagesse et de clairvoyance.
Ce qu'il faut retenir :
▶️ La découverte de l’actionnariat salarié par Sébastien :
- Dans sa carrière de banquier d’affaires, il conseille des sociétés familiales et des groupes industriels (publics et privés).
- Au début des années 1990, l’actionnariat salarié est un sujet qui n’existe pas en France.
- En travaillant chez JPMorgan (banque d’investissement) il fait la connaissance de deux “jeunes fous furieux” : Bernard Liautaud et Denis Payre.
- Ces deux amis viennent de monter une entreprise : Business Objects (une des premières licornes françaises).
- C’est là qu’apparaît pour Sébastien le vocabulaire nouveau des stock-options, un intéressement au capital qui n’est plus réservé aux fondateurs.
- Toutes ces notions le passionnent : de cette rencontre naît chez lui l’envie de suivre leurs traces d’entrepreneurs novateurs.
▶️ La naissance de Meilleursagents :
- Fin 2007, Sébastien soutient seul son idée de projets immobiliers sur Internet. Il veut définitivement se lancer dans l’entrepreneuriat.
- On lui présente Pascal Boulanger, son premier associé, qui représente pour lui la personne de confiance qui le soutiendra et qui connaît l’immobilier comme sa poche.
- Il rencontre ensuite Julien Cheyssial et Jordan Sanial, spécialistes technique et web masters.
- Début 2008, ils montent leur entreprise : MeilleursAgents est né.
- Ils sont donc 4 associés d’expériences et d’âges différents. Se pose alors la question de qui apporte quoi et comment répartir le capital. Ils réfléchissent pendant 3 semaines au partage des parts, les discussions sont complexes.
- Sébastien retient un conseil de cette époque : “Comment savoir quelle est la bonne répartition du capital ? C’est celle où aucun des associés n’est tout à fait content. Comme c’est une confrontation, s’il y en a un qui est très content, les autres ne le seront pas du tout. C’est ce que tu dois éviter. Quand tout le monde reste sur sa faim c’est que vous avez trouvé le bon équilibre”.
▶️ Le financement de MeilleursAgents :
- Trois mois après la création de leur société, les associés effectuent une levée de fonds auprès de business angels. Ils lèvent 700 000 euros.
- Novembre 2009 : Série A avec des fonds d’investissements de 3 millions d’euros.
- Ils lèveront encore deux fois avant l’exit, pour un total de 13 millions d’euros.
- Le prix de sortie de MeilleursAgents s’élèvera au bout de dix ans à 200 millions d’euros.
▶️ L’equity story de MeilleursAgents :
- L’actionnariat salarié commence très tôt : tous les premiers salariés (non fondateurs) de l’entreprise ont des stock-options.
- Étant une petite entreprise à l’époque, ils cherchent à attirer les talents grâce à leur dispositif d’actionnariat.
- Ils prévoient un pool de 10% de stock-options dès leur première levée avec les business angels.
- Avec le développement de l’entreprise, l’étau va se resserrer et l’actionnariat salarié sera limité.
- En 2012, les fondateurs prévoient un plan d’actionnariat pour tous les salariés mais le board le rejette. La crise immobilière présente trop de risques à leurs yeux. Et l’implication des employés par rapport à ces dispositifs est trop irrégulière.
- La culture du partage de la valeur était donc bien présente dans l’esprit des fondateurs mais leurs investisseurs ne leur auront pas permis de la mettre en œuvre.
▶️ Les conseils de Sébastien pour les entrepreneurs qui souhaitent adopter l’actionnariat salarié :
- Il faut ouvrir l’actionnariat salarié à tout le monde mais ne pas oublier que tout le monde ne voit pas l’accès au capital de la même manière.
- Rendre l’actionnariat salarié accessible mais pas systématique : un effort (financier ou autre) doit être présent en contrepartie. Car “quelque chose que l’on reçoit gratuitement, pour certains ça a beaucoup de valeur, pour d’autres ça n’en a aucune”.
- Si on arrive à faire quelque chose de relativement simple, tout le monde y gagnera. Fondateurs et salariés.
- “Il faut être généreux avec le capital car ceux qui en ont vous le rendent dix fois”.
Écoutez l'intégralité de l'interview ici.