Dans l'épisode n°2 d'Equity Stories, nous recevons Pierre Dubuc, co-fondateur et CEO d'OpenClassrooms.
OpenClassrooms est une école en ligne offrant des parcours diplômants et professionnalisants reconnus par l'Etat français. En quelques chiffres : OpenClassrooms c'est plus de 2 millions d'étudiants qui se connectent chaque mois sur le site internet et un objectif de 1 million de personnes amenées à l'emploi d'ici 2025.
Pierre partage avec nous sa découverte de l'actionnariat salarié, comment il en a fait un élément au coeur de la culture de son entreprise ainsi que ses meilleurs conseils sur le sujet.
Ecouter l'interview complète de Pierre Dubuc, co-fondateur et CEO d'OpenClassrooms
Les essentiels :
▶️ Qu'est-ce qu'une entreprise à mission ?
- Introduite il y a 2 ans par la loi Pacte, l'entreprise à mission a pour but premier un bénéfice social, sociétal ou environnemental, qui va prévaloir sur les logiques économiques classiques et notamment sur l'intérêt des actionnaires. Cette mission est intégrée dans les statuts de l'entreprise : par exemple la raison d'être d'OpenClassrooms est de rendre l'éducation accessible.
- Ce statut n'apporte pas d'avantages fiscaux ou autres, c'est un choix philosophique de la part des fondateurs, avec un certains nombres d'obligations :
- Définir sa raison d'être
- Constituer un Comité de mission avec ses parties prenantes qui est chargé de mesurer l'impact de la société et de s'assurer qu'elle reste fidèle à sa mission
- Publier un rapport d'impact chaque année, audité par un commissaire aux comptes de l'impact
- La mission d'OpenClassrooms, c'est de rendre l'éducation accessible. Leur Comité de mission a ainsi été créé, composé d'étudiants, de professeurs, d'employeurs, de représentants des universités partenaires etc.
▶️ Comment vos valeurs d'entreprise se traduisent dans votre politique d'actionnariat salarié ?
- Dès 2016, OpenClassrooms a mis en place un plan de BSPCE pour l'ensemble de ses salariés
- Chaque salarié bénéficie, à son arrivée chez OpenClassrooms, d'une allocation de BSPCE déterminée en fonction de son niveau hiérarchique. Ensuite, les salariés reçoivent des "top-up" à chaque promotion.
- Les BSPCE sont attribués par batch tous les 3 à 6 mois pour des raisons pratiques, pour grouper l'effort administratif, mais la date de début d'acquisition des BSPCE de chaque salarié est rétroactivement fixée à sa date d'embauche ou de promotion interne.
▶️ Comment OpenClassrooms communique en interne sur les BSPCE ?
- En droite ligne avec sa mission globale d'éducation, OC a créé un cours intitulé "How do we work at OC" qui présente l'entreprise, sa mission, sa culture, sa stratégie, son organisation et qui comprend un chapitre sur les BSPCE, pour expliquer en détails ce que c'est et comment ça marche. Ce cours est public et est envoyé à tous les candidats en début de process.
- En complément, OC dédie une à deux fois par an l'une de ses "Grande Récré" (le all-hands à la sauce OC) au sujet des BSPCE pour une explication en direct à l'ensemble des salariés.
▶️ Pour quel impact ?
- Le niveau d'information et de compréhension des salariés à la base est malheureusement bas : globalement seuls ceux qui ont déjà touché de l'argent grâce aux BSPCE en comprennent l'enjeu financier.
- Pour les autres, c'est surtout l'intention de l'employeur qui est valorisée, le montant leur parle moins.
- Les salariés ont besoin d'exemple concrets pour appréhender la valeur de leur BSPCE mais attention aux projections de valorisation qui créent des attentes sur des chiffres précis et donc de potentielles déceptions : il faut rester clair sur le fait qu'on ne peut pas perdre d'argent avec des BSPCE mais qu'on peut ne pas en gagner, cela reste des titres d'actionnariat donc soumis aux risques de l'activité et du marché.
▶️ Votre pratique d'attribution de stock options à l'étranger (Londres, NYC) est-elle alignée sur votre pratique française ?
- Le niveau de maturité des marchés britannique et américain sur le sujet des stock options est bien plus élevé qu'en France
- Pour l'instant, les attributions réalisées à l'étranger sont alignées sur la pratique française malgré des pratiques de marché différentes dans les différents pays d'implantation d'OC : aux Etats-Unis par exemple, la norme est aux allocations calculées en % du salaire et non en valeur fixe en fonction du niveau hiérarchique comme en France. Avec l'internationalisation de l'entreprise qui continue, il faudra peut-être s'aligner sur le standard global plutôt que le standard français.
Les conseils de Pierre pour réussir sa politique d'actionnariat salarié :
- Mettre en place dès le départ un plan de BSPCE structuré avec des règles d'attribution très claires mises par écrit pour éviter les attributions arbitraires et les négociations à rallonge, et ne pas faire d'exception même si la tentation est grande ! L'équité de traitement en interne est toujours plus importante qu'un cas isolé.
- Grouper au maximum les procédures liées à aux BSPCE, qui peuvent vite s'avérer chronophages et coûteuses : grouper les attributions comme évoqué précédemment (tout en les personnalisant grâce à une date d'attribution définie par la date d'entrée dans l'entreprise) mais aussi les fenêtres d'exercice (chaque exercice impliquant une augmentation de capital).
- Ces fenêtres d'exercice deviennent importantes à mettre en place à un certain niveau de maturité de l'entreprise : il est juste que les salariés qui ont contribué au développement de l'entreprise soient récompensés concrètement en touchant leurs plus-values. Dans la pratique, OC fait racheter les actions des salariés sortants par des actionnaires existants, et réfléchit à mettre en place un marché secondaire entre les salariés, sortants ou non.