Pour le cinquième épisode d’Equity Stories, nous accueillons Karim Jouiny, fondateur d’Expensya et ambassadeur de la technologie au service de l’efficacité depuis son adolescence.
Son expérience (allant du développement d’un ERP pour un cybercafé à des missions fructueuses chez Parrot et Microsoft) l’a amené à concrétiser sa passion pour l’automatisation. En 2014 il crée Expensya, la solution franco-tunisienne d’automatisation de la gestion des dépenses pensée pour toutes les entreprises.
Expensya aujourd'hui, c'est €30.000.000 de frais de plus de 500.000 salariés traités automatiquement chaque semaine pour près de 5.000 clients, dans une centaine de pays et tout ça grâce à l'IA construite par une équipe de 140 collaborateurs dans 4 pays.
Il y a quelques semaines, Expensya a closé une levée de fonds d’un montant de 20 millions de dollars avec MAIF Avenir, Sillicon Badïa (focalisé sur les entreprises du bassin Méditerranéeen) et ses investisseurs historiques, dont le fonds ISAI.
Karim nous partage aujourd’hui les fruits de cette riche expérience aussi singulière qu’éclairante sur son intarissable énergie. Une source d'inspiration et de motivation pour de nombreux entrepreneurs qui souhaitent développer la culture de l'engagement au travail pour leurs salariés.
Ce qu'il faut retenir :
▶️ L’equity story de Karim :
- Durant ses 7 années passées chez Microsoft, il découvre l’actionnariat salarié (RSU - Restricted Stock Units) et sa surprise se transforme en sentiment d’appartenance qu’il cherche toujours à véhiculer dans son entreprise aujourd’hui.
- Il a pu fonder Expensya grâce à la vente de ses actions Microsoft.
- Il est persuadé que le salariat classique va lentement disparaître, dans le sens ou en tant que personne “on ne vend actuellement que son temps” et que l’actionnariat salarié permet de créer une valeur partagée en plus d’un engagement au travail.
▶️ Sa volonté de mettre en place des BSPCE chez Expensya :
- La Tunisie (pays de naissance d'Expensya) ne reconnaissant que très peu les stocks options, l’actionnariat salarié est parti d’un engagement moral qui n’a pu être mis en place “sur papier” que trois ans plus tard.
- Après avoir permis aux premiers collaborateurs de bénéficier d’un vesting rapide, les termes correspondent aujourd’hui aux standards du marché : vesting de 4 ans avec cliff d'un an.
- En 2021, près de 12 % de l’entreprise sont détenus par ses salariés !
▶️ La politique d’attribution des BSPCE chez Expensya :
- Malgré la multi nationalité franco-tunisienne de son entreprise, son fondateur tient à une répartition égale des Bons de Souscription de Parts de Créateur d’Entreprise. Ils sont distribués sur le principe de création de valeur (fonction, ancienneté, expérience, etc). Tandis que le salaire prend en compte le coût de la vie et les prix des marchés de l’emploi selon les pays. Tout le monde a le même potentiel de création de valeur.
- Les attributions sont faites en fonction de 2 flux (batchs) :
- Le recrutement (particulièrement pour des personnes séniors qui ont fait leurs preuves sur le marché) qui fait partie de la négociation à l’embauche,
- L’évaluation annuelle, en fonction du rôle et du score (plus en phase avec les profils juniors).
▶️ Les principaux problèmes rencontrés lors de leur mise en place :
- Beaucoup de “papiers” et de suivi administratif,
- Besoins forts d’éducation des collaborateurs sur un sujet complexe,
- Changements réguliers de la législation et de la fiscalité dans chacun des pays. La mobilité des salariés demande énormément de vigilance pour des générations de plus en plus nomades.
▶️ Les points de vigilance dans le management face aux BSPCE selon Karim Jouini :
- Attention au phénomène de “rétention malsaine”, si un salarié souhaite partir ou s’engager sur un autre projet, la perspective d'une importante plus-value grâce à ses stocks options peut le pousser à rester pour de mauvaises raisons.
- Le sentiment de trop faible liquidité : quand il y a un événement de liquidité, il suffit qu’il soit mal tombé par rapport au vesting pour créer de véritables frustrations chez les salariés.
▶️ Les spécificités de la fenêtre de liquidité de la dernière levée de fonds chez Expensya :
- Une partie des liquidités a été consacrée à la possibilité de sortir pour les salariés : les collaborateurs ont pu vendre la moitié de ce qu’ils avaient vesté, ce qui a permis de montrer la valeur des BSPCE tout en optimisant la rétention.
- Effet inattendu : les salariés ont principalement vendu leurs actions entre eux.
▶️Les difficultés de la négociation de cette fenêtre secondaire avec les fonds d’investissement :
- Les VC peuvent avoir l'impression que permettre aux salariés de sortir détruit le côté incitatif des options, et que c'est faire un cadeau à ceux qui partent
- Le sujet de la nature des actions rachetées par les investisseurs aux salariés est également délicat. Y a-t-il des différences de statuts ou des conversions d’actions ordinaires en actions de préférences ? Y a-t-il un conflit d'intérêt pour les fondateurs ?
- Les fonds d'investissement ont des difficultés à concevoir le fait d'acheter les actions ordinaires d'un salarié aujourd'hui sur la base d'une valorisation de la société qui est forcément un pari sur le futur.
- La limitation de la décôte lorsque les deux parties sont raisonnables dans leurs revendications.
▶️ Par rapport à la revente des actions salariales, les marchés secondaires libres sont-ils une solution viable ?
- La problématique de besoin de liquidités des employés est réelle et peut se manifester à des étapes clés de leur développement personnel (ex: achat d’un appartement),
- Mais Karim ne souhaite pas que ses salariés exposent des données confidentielles sur son entreprise à des inconnus dans le but de vendre leurs actions,
- Même s’il souhaite donner le plus de flexibilité à ses collaborateurs, il existe donc ici un vrai problème de contrôle de l’information.
Quelle vision pour le futur d’Expensya ?
Les prochains défis seront de continuer à s’internationaliser au maximum tout en gardant la même culture et les mêmes performances !
Écoutez l'intégralité de l'interview de Karim Jouini sur l'engagement des salariés d'Expensya grâce à l'actionnariat ici.