Pour le cinquième épisode d’Equity Stories, nous accueillons Pascal Gauthier, CEO de Ledger. Il incarne cette génération d'entrepreneurs français ayant grandi dans le monde de la tech et dont les grandes ambitions assumées sans complexe sont capables d'embarquer les plus belles équipes vers des sommets.
En 2017, il prend la direction de Ledger, licorne française fondée par Eric Larchevêque qui propose un écosystème de produits et applications qui sécurisent les portefeuilles de crypto-monnaies.
Au mois de juin 2021, l’entreprise annonçait une Série C de 380 millions de dollars, valorisant la société à plus d'1,5 milliards de dollars.
Ledger c’est aujourd’hui 300 employés et 200 embauches prévues, avec 600% de croissance sur la dernière année.
Dans cet épisode, Pascal revient sur son parcours (notamment chez Criteo), comment celui-ci a forgé sa vision de l'entrepreneuriat et de la gestion des talents, et comment cela se traduit aujourd'hui dans la politique d’actionnariat salarié de Ledger.
Ce qu'il faut retenir :
▶️ L’equity story de Pascal :
- Il a été sensibilisé à l'actionnariat salarié en 2004 lors du rachat de Kelkoo (où Pascal était directeur commercial) par Yahoo
- À son arrivée chez Criteo en 2008, il apporte avec lui l’idée de l’actionnariat salarié pour tous,
- Avec le capital acquis grâce à l’IPO (introduction en bourse) de Criteo, Pascal a pu créer plusieurs entreprises telles que Kaiko qui est en train de boucler une belle Série A,
- C’est également grâce aux plus-values de ses titres d’actionnariat salarié qu’il a pu investir chez Ledger avant d’en prendre la direction.
▶️ La politique d'attribution de BSPCE chez Ledger :
- L’equity fait partie du package salarial d’embauche,
- Une attribution automatique se fait en fonction d’une grille pré-établie (fonction + salaire),
- Ils pratiquent uniquement l’attribution de BSPCE,
- L'actionnariat salarié représente aujourd’hui près de 20% du capital de Ledger.
▶️ Les points de vigilance face aux BSPCE selon Pascal Gauthier :
- Le “job” du CEO c’est aussi de rééquilibrer l’actionnariat en fonction des besoins de l’entreprise. Besoins qui ne sont pas toujours tournés vers les investisseurs et qui doivent intégrer ceux des salariés.
- Sur le long terme, l'écosystème actionnarial doit prendre en compte les spécificités de l’actionnariat salarié pour s’équilibrer et continuer de fonctionner. Car l’intérêt et l’attention des employés envers leur entreprise resteront toujours plus constants que ceux de ses investisseurs après plusieurs années.
▶️ Les fenêtres de liquidité chez Ledger :
- Ils négocient au maximum pour ne pas avoir de “discount” qui donnerait une mauvaise image de l’actionnariat aux salariés,
- La start-up tient à “jouer le jeu” pour garder son attractivité suite aux périodes de vesting et retenir les meilleurs talents,
- Ils souhaitent casser le mythe du salarié qui arrête de travailler ou devient moins productif une fois les liquidités obtenues.
▶️ Les conseils de Pascal pour envisager son actionnariat salarié dans le temps :
- Il faut vouloir construire des grands business et donc penser grand et extraordinaire,
- Cela nécessite de l’ambition, de la résilience et de l’exécution,
- Avec ces objectifs, l’equity des jeunes entreprises vaut déjà très cher.
Les succès arriveront avec le temps et l’atteinte des objectifs peut être très longue : il faut dès le départ créer sa politique d’attribution en pensant que l’entreprise vaudra des milliards à long terme.
- Il faut valoriser le risque et donc distribuer de moins en moins d’actionnariat salarié au fil du temps. Et penser à passer très rapidement d’un pourcentage du salaire à un raisonnement en termes de valeur absolue.
- Recruter un responsable “Comp & Ben” (Compensations and Benefits) dès que votre stade de développement vous le permettra, pour dessiner votre politique salariale, l’equity et les benefits (tickets restaurants etc).
- Afficher une politique salariale claire dès le départ, pour que les employés mettent le sujet de la rémunération derrière eux. Si tout le monde a l’impression d’être traité d’une manière juste, le développement et la productivité en seront réellement facilités.
- Et au final, rester ouvert sur l'international pour le recrutement de nouveaux profils (sans s’enfermer systématiquement dans la French Tech).
▶️ Le futur des levées de fonds en Europe
- En France, il n’existe pas encore de “grandes entreprises” à échelle mondiale,
- Les États-Unis sont très en avance sur ces sujets, leurs fonds débordent aujourd’hui sur l’Europe et augmentent nos propres levées,
- Les montants des investissements montrent une réelle croissance européenne,
- Les entrepreneurs français affichent une réelle volonté de rattraper ce retard et de suivre la voie américaine.
Cependant, lever une somme importante (à n’importe quel stade de développement) n’est en rien gage de succès et il faut toujours considérer les investissements comme une étape et pas une fin en soi, en gardant bien ses objectifs en tête.
Quelle vision pour le futur de Ledger ?
Suite à leur récente levée de fonds, l’objectif moyen terme de Pascal est de valoriser l’entreprise à 10 milliards, puis 100 milliards à long terme, tout en conservant l’ambition initiale de développer l’une des entreprises les plus importantes des nouveaux marchés européens (ici celui de la blockchain).